Chronique d’un échec, UTMB 2011 par Philippe Davy,
Après le coup d’essai 2010 où la météo nous joua un mauvais tour, le départ ayant été maintenu alors qu’un orage avait était annoncé, stoppant la course à St Gervais après seulement 21 kms parcourus, reprise quelques heures plus tard de Courmayeur, avec 1300 chanceux rescapés de l’UTMB et partants de la TDS sur un trajet Courmayeur-Chamonix de 88 kms. Trajet qui se passe plutôt bien: une journée clémente mais aussi le brouillard et le froid dans le Grand col Ferret entre l’Italie et la Suisse. Le mental va bien et les jambes aussi, sauf la toute fin ou je commence à piocher dans la Tête aux Vents jusqu’à la Flégère et la descente sur Chamonix. Résultat 312ème et 17h05, finalement très content. Au cumul 110 kms et 7000D+ en 20h30, faut pas hurler. Que du positif!
Réinscription en décembre, coup de chance: de nouveau retenu au tirage au sort, il y a 4000 postulants pour 2300 places, donc nouvelle préparation pour cet objectif majeur avec toutefois quelques différences, après un changement de situation professionnelle, je dispose de moins de temps pour les entrainements, je ne peux surtout pas en disposer comme je veux. Comme bien d’autres me direz-vous avec raison.
Pas grave, on va faire avec… Donc nouvelle saison ou je programme le même genre de course que l’année passée, les Citadelles, Guerlédan et en dernier lieu le Tour des Glaciers de la Vanoise pour avoir un trail alpin. Plus le Bugul Noz fin juillet comme l’année dernière. Je boucle toute ces courses avec des arrivées assez difficiles, pas étonnant puisque l’entrainement est moins bon. Tout ça me fait douter sur mes capacités mais enfin ce n’est pas catastrophique, on va faire avec… Comme dit plus haut.
Arrivée à Chamonix le dimanche 21 pour quelques jours de repos et d’acclimatation bien agréables, le temps est splendide. Je fais le touriste et profite des sites du coin, Mer de Glaces, Aiguille du Midi, etc. vraiment des endroits somptueux! Retrait du dossard le mercredi, numéro 312, la place de l’an dernier, marrant il parait qu’il font ça pour les 500 premiers! Quelle frime!
Les départ de course se succèdent, Petite Trotte à Léon le mardi soir, 300kms et 25000D+ en 138 heures maxi (là il faut être un guerrier). TDS le jeudi matin 110 kms et 7100D+ pour 31h00 maxi , la plus sauvage, CCC le vendredi matin, 98 kms et 5600D+ 26heures maxi, la plus rapide. Notre tour arrive, UTMB la plus médiatique, 166 kms et 9500D+ en 46h00 maxi, sauf qu’entre temps on nous annonce une dégradation sérieuse de la météo, passage d’une grosse perturbation en fin d’après-midi avec chute de température de 25 à 10°, le départ est retardé de 18h30 à 23h30 pour laisser passer le gros de cette perturbation.
Pas d’erreur, il tombe des hallebardes et ça caille, bon il ne va pas falloir se planter sur la tenue, mais j’ai confiance, j’ai du bon matos testé sur une course hivernale entre -5 et -10° ou ça s’était bien passé. Sieste repas et repos jusqu’à 22h00 où je décide de m’équiper (tout est prêt) et de rejoindre le départ pour ne pas être trop loin. 22h15, il tombe toujours des cordes et je suis dans les premiers sur place 1h avant le départ, je me retrouve juste derrière les élites contrairement à l’an passé. Le temps passe vite, on regarde arriver toutes les stars de la discipline et j’échange quelques mots avec mes voisins. Bizarrement je ne ressens aucun stress… Tranquille on va faire avec. C’est ça, oui!
Pan! Coup de pétard et là ça court tout de suite, impeccable l’an passé j’avais marché plus de dix minutes. Tout va bien on trace jusqu’aux Houches avant d’attaquer la première butte, le Délevret, il pleut toujours fort mais ça va, la montée réchauffe, ce qui m’embête c’est que je ressens de l’humidité passer quand même entre ma veste et le sweat-shirt thermique que je porte.
Arrive le col et la redescente sur St Gervais, là je suis bien content d’être dans les 400 premiers parce que cette portion est pleine de gadoue et se dégrade évidemment au fur à mesure des passages. Je suis crispé comme d’habitude et je m’en prends une belle quand même, la descente est un calvaire, je me fait doubler de partout et j’ai mal aux chevilles. Le temps ne s’arrange pas, je commence à être trempé sous ma veste, St Gervais arrive, position 462, 2h16 de course 45mn de moins que l’année passée, ravito vite fait, une soupe chaude et je continue vers les Contamines, mes chevilles me font mal et je suis trempé, j’ai du mal à courir et je commence à psychoter, pas bien tout ça. Et le froid s’installe, je caille… M… Qu’est-ce qui se passe avec mon super matos! Je marche jusqu’aux Contamines, plein de gens me dépassent, ce sont mes chevilles qui m’empêchent de courir, je ne vois pas ça bien! Arrive le ravitaillement et là je m’interroge: faut-il continuer? Sachant que l’on attaque 50kms de montagne avec trois passages à 2500 mètres sans possibilité de rapatriement, la température est de 6°, je suis frigorifié et il faut monter pour trouver du négatif et de la neige, ça ne va pas le faire, la mort dans l’âme je décide de rendre mon dossard, et quel dossard, un qui n’est pas facile à avoir, cela ne m’est jamais arrivé jusqu’à présent, j’ai plus d’1h30 d’avance sur la barrière horaire mais le moral est atteint. Fin de chantier.
31.5 kms 1000D+, 4h30 de course M.. de M…tiens je m’en vais!
Bilan :
Ne pas se présenter sur une course pareille avec des doutes, l’an dernier j’étais sûr de la terminer, et j’ai fait ce qu’on nous à mis sous les semelles, cette année je voulais faire avec mais ça, ce n’est pas possible. Tu ne peux pas composer, la moindre bricole te mine.
L’entrainement doit être à 100% et le mental aussi.
Ne pas avoir une confiance aveugle dans son matos et surtout le tester dans les pires conditions. Je l’avais essayé dans le froid sec sans problème, cette année avec des températures supérieures et la pluie ça ne marche pas. La flotte c’est vraiment terrible.
Enfin ce n’est pas si grave… Il y en a qui court tous les jours pour ne pas se faire tirer dessus…
Hervé peut-tu me trouver une solution pour ces descentes…? A reculons peut-être? Pas sûr…
Si cela peut vous servir… A bientôt, Philippe