UTMB 2016: du grand spectacle et beaucoup d’émotions.
Françoise, Véro, José et Hervé nous racontent.
Chamonix, vendredi 26 août 2016. La musique « Conquest of Paradise », Vangelis, est lancée et retentit dans les rues de la ville. 18h : le départ de l’UTMB est donné.
C’est grandiose. Une super-ambiance sous les olas du public venu en nombre, c’est impressionnant.
Nous sommes partis très loin de la ligne de départ, et il nous faut presque 20 mn pour sortir de Chamonix. On ne peut même pas courir, « ça bouchonne ».Mais qu’importe, c’est fabuleux car, côté spectateurs, ça ne désemplit pas.
En revanche, on se retrouve très juste dès la première barrière horaire avec peu de temps de battement : 45mn. La nuit va être longue car nous n’aurons pas de temps pour dormir, c’est certain. De toute façon, vu la chaleur annoncée pour samedi, il vaut mieux avancer le plus possible dans la nuit
Nous prenons notre rythme dès la première ascension.Puis on alterne marche et course
Au ravito de La Balme, au 40ème km, nous retrouvons, étonnées, Hervé qui ne va pas bien. Un coup de chaud dans la journée l’a épuisé. Jacques et Pascal sont là aussi mais Pascal a des doutes sur la suite. Sa douleur au tibia (accident une semaine avant le départ de l’UTMB) commence à l’ « ennuyer ». Quant à José, il doit être déjà très loin devant.
On enchaîne les cols, avec montées et descentes. Des vues superbes au jour levant au col de La Seigne. Des parties plus techniques avec le col des Pyramides Calcaires – nouveau passage UTMB depuis 2015 – et ses grosses pierres où il est difficile de courir mais avec une magnifique mer de nuages face à nous.
Au ravito du Lac Combal au 70ème km, on retrouve Jacques qui a dû laisser Pascal au ravito des Chapieux victime d’un malaise. On pense très fort à lui en espérant qu’il va pouvoir reprendre la course ce qui malheureusement ne sera pas le cas. Pas de nouvelle d’Hervé, on s’inquiète. On discute avec des bénévoles qui nous apprennent qu’il y a déjà plus de 600 abandons.
On poursuit jusqu’à Courmayeur où on retrouve Clarisse et Fabrice, deux de nos accompagnants sur la course, et on se pose une bonne heure : beaucoup trop de temps et sans dormir sur place. Erreur car il y avait des lits… Sur la montée à Bertone, la fatigue se fait sentir. On s’arrête sur le bas-côté une vingtaine de minutes pour tenter de dormir un peu. Jacques nous suit de près. Il fait très chaud, 31° à 2000m !!!On boit beaucoup à chaque ravito et on se mouille abondamment.
On retrouve à nouveau Fabrice et Clarisse à Arnouvaz où on fait une nouvelle halte pour se reposer avant l’ascension du Grand Col Ferret. Le paysage est toujours aussi beau, on essaie d’en profiter à chacun de nos arrêts. En haut du col, il fait un peu plus froid, on s’installe dans une tente des bénévoles pour se changer, la nuit va bientôt tomber. Françoise tente un petit somme mais sans réussite. On descend en courant à La Fouly (on crève de chaud avec nos vêtements !!!) où on retrouve notre équipe mais très rapidement on repart vers Champex à une dizaine de kms, la nuit est tombée. Un orage, quelques gouttes, sans importance.
Les 3 derniers kms sont très rudes pour arriver à Champex. Tous nos accompagnants réunis nous attendent hyper-motivés : Jojo et Monique, Fabienne, Dominique , Clarisse et Fabrice. C’est top et tellement rassurant pour nous. A partir de là, ils nous attendront à tous les passages. C’est une équipe du tonnerre. Ils nous ont tellement aidées. Ils sont aux petits soins avec nous. On reprend une énième soupe aux vermicelles !!!! Malheureusement ils nous apprennent les abandons de nos 3 compères. On est tristes pour eux.
Après un long chemin roulant où on peut enfin courir, on papote, puis une belle ascension et des caillasses. C’est l’arrivée à Trient avec toute notre équipe. On apprend que José est déjà arrivé !!!! 35H et encore, il a subi un violent orage de son côté et a dû s’arrêter une heure. Quel champion !On est trop contentes pour lui.
Vallorcine, dernière étape avant la montée de la Tête aux Vents. Il ne reste que cette « montée » qui devient très rapidement infernale pour Véro. Jambes tétanisées. Que c’est dur…C’est raide et de hautes marches rendent la progression difficile. Il reste une dernière barrière horaire à franchir. Ce sera difficile, le temps est compté. Bon, pas le choix, Il faut y aller Françoise, tu ne vas pas risquer de ne pas franchir cette barrière !!! De toute façon, c’est certain, je l’aurai aussi cette barrière, je la rassure !!! Françoise vole vers l’arrivée, elle est aux anges mais courageuse après 170 kms, elle fait marche arrière, elle revient me chercher. J’arrive enfin à Chamonix, je vois Pascal et Hervé qui m’encouragent à tout rompre, je suis si contente de les voir. Je retrouve Françoise, je suis tellement heureuse. On fait ensemble le dernier km. Nous pleurons de bonheur. Il y a la même foule qu’au départ mais cette fois ci, c’est pour en finir et franchir cette ligne tant attendue depuis 3 ans…..C’est un instant merveilleux, DU PUR BONHEUR. Mais que de larmes de joie versées.
Toute l’équipe est sur la ligne, on s’embrasse, on pleure….
L’émotion est à son comble. Merci, merci, merci à tous. Nous n’aurions pas pu finir l’UTMB sans vous :nos fidèles assistants, Jojo, Monique, Clarisse, Fabrice, Fabienne et Dominique et vous tous qui avez pu nous suivre en direct. Merci Hervé, notre coach, merci Pascal et Jacques pour tous les bons moments, votre présence, votre bonne humeur toujours et toujours. On pense à vous très fort. On se refera un super-défi tous ensemble, c’est sûr. Un immense bravo à José, notre champion.
Même si cela reste un défi où la force mentale joue un grand rôle et où il faut un profond sentiment de dépassement de soi, être « finisher » de l’UTMB est un rêve qui se concrétise, une immense satisfaction !!!On l’a fait !!!Mille fois MERCI !
Véro et Françoise
José: Me voilà à Chamonix pour la troisième fois afin de participer à l’UTMB, sommet mondial du trail. En 2011, j’ai fait la CCC Courmayeur Chamonix côté Ouest, mais la météo avait contraint l’organisation à raccourcir le parcours et en 2012 j’ai participé à la TDS Courmayeur Chamonix coté Est où j’avais fait une super-course. Je vais enfin pouvoir faire le tour du Mont-Blanc dans son intégralité soit 170 km et 10.000m de dénivelé positif, après 2 années malchanceuses liées au tirage au sort.
Ce vendredi 26 août, il fait beau et même très chaud. Nous nous posons près de l’église qui n’est pas très loin de la ligne de départ, on en profite pour faire quelques photos. On a tous la banane et la motivation d’aller au bout !
Un quart d’heure avant le départ, on s’approche de la ligne de départ mais tous les coureurs sont déjà là, nous nous retrouvons en queue de peloton.
Le départ est donné à 18 heures précise, pas de bousculade, beaucoup d’émotion, un public impressionnant et, en toile de fond, le Mont Blanc. Un petit coucou à nos supporters :Fabienne, Monique, Jojo, Dominique, Marie-Jo, Marie-Christine, Adeline, Guy, Clarisse et Fabrice, tous venus spécialement pour la course.
Les sensations sont bonnes sur les premiers kilomètres, peu de relief jusqu’aux « Houches » mais beaucoup de poussière, puis grosse montée sèche. On est dans le vif du sujet : 750 m de dénivelé sur à peine 6 kms pour atteindre Le Délevret. C’est raide mais les jambes répondent bien. Les montées et les descentes s’enchaînent dans ce décor de carte postale dont un magnifique coucher de soleil sur le massif du Mont-Blanc. Quelle chance de participer à cette course !
Premier grand col jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme (2439 m) : 1300 m de dénivelé puis descente sur Les Chapieux. Tout se passe bien, je garde le rythme. Il fait nuit mais la température est bonne avec un minimum de 18°.
La montée du col de la Seigne (2516 m, ici on passe en Italie) s’avère très difficile, nouveau dénivelé important. La montée et la descente du col des Pyramides Calcaires est un pierrier très technique, beaucoup de coureurs accusent le coup. Des bouchons se forment ; pas très patient, je double en prenant des risques et en passant pour un fou.
Je passe l’Arête du Mont Favre, le jour se lève sur les montagnes qui m’entourent, c’est grandiose ! Une bénévole me demande de prendre le temps et…d’admirer la face du Mont Blanc côté Italien ; une petite photo et c’est reparti. Sous une brume épaisse, j’arrive à Courmayeur à 8h et j’aperçois alors Guy, Marie-Christine et Adeline, ils venaient de voir passer Sébastien (le chéri d’Adeline). Et puis la première mauvaise nouvelle : Pascal a abandonné suite à sa blessure d’avant la course. A ce point de la compétition, je récupère mon sac de mi-course, je change de chaussettes et je « NOK » mes pieds. Je ne m’attarde pas pour pouvoir continuer à courir à la « fraîche ». La journée s’annonce très chaude et je crains le « coup de chaud ».
Je retrouve Sébastien au refuge Berton, il me dit qu’il n’est pas bien, il compte abandonner au prochain contrôle. Arrivé à Arnouvaz, je retrouve les Big-Oh Family, des fervents supporters… Un petit coucou et c’est reparti.
Les écarts se creusent entre les coureurs au passage du Grand Col Ferret et on bascule en Suisse. L’importante descente qui suit sollicite énormément les cuisses mais je m’économise. Malgré cela, mon moral en prend un coup avant d’arriver à Champex-Lac car la descente du Grand Col Ferret (20km) s’avère beaucoup plus difficile qu’envisagée. Et j’approche les 122 kms de course.
Mais… super! Nos accompagnateurs sont là. Et mince ! Deuxième mauvaise nouvelle : Hervé a abandonné, le coup de chaleur de la veille a eu raison de lui. Ils me re-boostent, Dominique me soigne avec sa bombe magique, Fabienne avec Jojo m’apportent de quoi me ravitailler mais je ne sais plus si j’ai faim ou soif, je ne sais plus quoi manger. Ce sont certainement les effets de la chaleur combinés à la fatigue à ce stade de la course. Monique me remonte le moral, elle me dit que je fais une super-course et que je suis bien au classement, je me relève et je repars en marchant accompagné de mes amies, le long du lac de Champex.
A partir de là, je sais qu’il me reste trois cols avant Chamonix, le décompte est en tête. Le premier de ces trois cols, La Bovine, hyper-costaud ! Le temps se couvre, la pluie commence à tomber, le ciel gronde, il pleut de plus en plus. L’orage est bien là, le chemin devient un ruisseau, des grêlons nous tombent sur la tête, à chaque coup de tonnerre je jette mes bâtons au sol, la peur s’installe. Avec un autre coureur nous nous dépêchons de rejoindre le refuge de la Giète. Le froid me saisit, je rajoute un tee-shirt, mon bandana et mon bonnet. L’idée de l’abandon me trottine dans la tête, mais au refuge aucune possibilité : il faut redescendre à Trient. Je grelote mais après 45minutes le bénévole nous demande de partir sur Trient, le refuge est trop petit et il faut faire de la place pour les autres coureurs. Dans la descente, j’arrive à me réchauffer, mais le terrain est glissant. Je chute sur une contremarche et me blesse au mollet… Tant pis, je repars.
A Trient, toujours en Suisse, la pluie continue à tomber, « il y en aurait encore pour plus d’une heure », nous dit-on, on nous conseille de reste au chaud, le moral revient et pour moi, c’est pas possible, assez perdu de temps. Je me découvre à nouveau, et je repars sous une pluie intense, pas beaucoup de courageux !!!
Deuxième col : Catogne, la pluie a cessé de tomber. La descente sur Vallorcine s’annonce difficile, les quadriceps et ma blessure au mollet me font mal. Je serre les dents et amorce la descente.
A Vallorcine, de retour en France : j’appréhende la montée du col de la Tête aux Vents qui peut vite devenir un calvaire. Je quitte donc Vallorcine en trottinant et j’attaque le col des Montets au train et à ma grande surprise les sensations sont bonnes. La montée à la Tête aux Vents est assez raide au départ, et interminable sur la deuxième partie, chemin très rocailleux et technique.
Au dernier contrôle à la Flégère, je m’arrête au ravito juste pour saluer les bénévoles, un petit verre et c’est reparti, il me reste 8 kms à parcourir dans une descente très technique et jonchée de racines. Mes quadriceps et mon mollet me font toujours souffrir, je serre doublement les dents et je poursuis à un bon rythme car l’arrivée n’est plus loin.
Enfin le dernier kilomètre avant l’arrivée : plus rien ne peut m’arrêter, je m’envole vers l’arche d’arrivée avec une énorme pensée pour mes enfants et mon petit-fils qui sera fier de son papi, grand moment d’émotion. Personne dans les rues, dans le centre de Chamonix je retrouve mes deux compères Pascal et Hervé, ils sont là pour partager ma joie (et la bière !) et d’être venu à bout de cette belle aventure. Je franchis l’arche d’arrivée, le chrono affiche 35:40:29, je suis 236ème, 84ème V1.
Je me pose un peu, je réalise que j’ai effectué une très belle course et j’apprends l’abandon de Jacques, mais ma petite femme et Véro sont toujours en course super !!! Malgré les critiques de certains concernant cet ultra, je suis heureux d’avoir participé à cette belle aventure en montagne, l’organisation est au top et les bénévoles sont très attentionnés à tous les coureurs.
Je me souviendrai du visage d’Hervé marqué par son échec et le moment où Pascal me prend dans ses bras, beaucoup d’émotion et quelques larmes. De mon expérience de traileur, aucune course ne m’a apporté autant de sensations ou peut-être si : la Diagonale des Fous à La Réunion !!!
Merci aux accompagnateurs sur place, à toutes les personnes qui nous ont encouragés et suivis« en live » tout au long de ce périple. **José**
« 3 ans qu’on attendait ça, 3 longues années… et ça y est on y est ! On va enfin pouvoir prendre le départ de l’UTMB ! Un rêve pour tous les traileurs, quoiqu’on en dise… grosse industrie, pompe à fric… mais n’empêche qu’il est beau ce Mont Blanc !
RDV à Doué, on se retrouve avec la fine équipe (vous savez, celle à qui on a mis des bâtons dans les roues… pour quelle raison d’ailleurs, et quel droit …?) Jo, Véro, Françoise, Pascal, Dominique et Fabienne qui nous accompagnent. Direction Chamonix, qu’on atteint sans encombre dans la soirée. Après une bonne nuit de sommeil (surtout Pascal qui a bien ronflé !), un bon petit déj, hop ! On file récupérer les dossards au village. Il est 11h, le soleil cogne déjà… pas un brin d’air. On règle les formalités, tout le monde passe sans problème, même qui vous imaginez… parfait ! Ca aurait été super vicieux quand même….bref !
On en profite pour déambuler entre les cabanes du salon, sympa, pleins de courses à faire, ça nous donne plein d’idées !!!! Mais il fait chaud, très chaud. Je ressens le besoin de me mettre à l’ombre… ça m’inquiète. Je supporte la chaleur d’habitude. Les derniers jours ont été chargés, changement de boulot, prépa du trail Loire & Vignes, entraînement tronqué… bref, la fatigue favorise peut-être cette sensation. On remonte déjeuner, c’est pas la forme, je me mouille la nuque, plusieurs fois dans l’aprem…inquiet…le stress ?
On descend au départ, 17h30, pas de fatigue inutile, pas d’attente interminable. Il fait bon, ça va mieux ! On y est ! On va prendre le départ de ce sacré UTMB !!!! Yes !!!!
Quelques photos et … c’est parti ! Ambiance terrible. On marche avec Jo puis, on trottine….il s’envole, je sens qu’il va faire un carton mon pote ! Il est prêt, même mieux : déterminé ! Et il a de bonnes raisons, TRES bonnes raisons !
Je descends aux Houches tranquille, tout va bien, mes championnes sont avec moi, Jaquot et Pascal pas loin. Premier col, c’est parti, je monte à mon allure en distançant les filles légèrement. La descente sur St Gervais est raide, je prends le temps de brouter l’herbe fraîche des alpages (comprenez: je me prends une grosse gamelle dans l’herbe ! Pas de mal, on repart). St Gervais, coucou à la caméra à ma chérie et mes 2 fistons une soupe et ‘est reparti. Et là, la soupe passe pas super. Un bon 1/4 d’h, je traîne un mal de ventre. Rien de grave, ça passe. Mais les sensations ne sont pas bonnes…. pas de jambes. La portion pour aller aux Contamines m’est très favorable… et j’ai du mal à remonter. No stress, c’est un mauvais moment, il y en aura d’autres…ça va passer ! Enfin… j’espère….En sortant des Contamines, je vois la TEAM qui nous accompagne (Jojo, David, Fabienne, Clarisse….) gros encouragements, ça fait du bien ! Direction la Balme, ça commence à grimper un peu plus… les jambes sont de moins en moins bonnes… pas de jus…. qu’est-ce qui m’arrive… moi qui avait calculé d’arrivée frais à Courmayeur : je suis déjà complètement entamé !?!? Terrible…. La Balme, pas de panique. Je m’arrête, je vais attendre mes championnes, je pense qu’elles ne sont pas loin. Un petit 1/4 d’heure et les voilà. Qu’est-ce qui t’arrive ??? t’ as vu ta tête ??? … Ben oui les filles… J’ai la tête d’un finisher, sauf qu’on est qu’au début !
On repart à 4, les gars nous ont rejoints. Je fais 50m avec eux… et ils me distancent tous… rien à faire… ça ne répond pas… ils me proposent de m’attendre : NON ! Filez ! C’est un ordre ! (quand je veux, je suis pas fin !)
La montée du Bonhomme est longue, pas dure, mais longue… et c’est un calvaire pour moi !!! Mais merde !!! Ca revient quand la patate ??!!! En haut du col, je suis out… il y a une tente, je dors un peu, je demande 20′ au médecin. Je me réveille, j’entends « il en reste 10… »….whaouu… va falloir y’aller quand même !!! Je mange une pomme, bois un coca : ça va mieux. Je fini de grimper le bonhomme, ça y est, c’est bon, j’ai la pêche. Je double en 20′ une quinzaine… de chinois… ça va être compliqué les gars… Un bénévole me pointe « t’as encore une petite chance… » l’air de dire c’est fini pour toi ! Tu me connais mal mon gars ! 4h15… je dois être en bas à 5h15 ! 7 bornes techniques en descente, ça devrait aller ! La descente au Chapieux aura été le seul moment où j’aurais pris mon pied dans cette aventure. Je double une cinquantaine de coureurs et j’ai du jus… enfin…j’ai l’impression ! J’arrive au Chapieux, 5h. Cool ! 1/4 d’H d’avance sur la barrière : le grand luxe !
Je reste 3′, je repars sur la route… ça commence à grimper, mais ca va. Je croise Pascal… toi, t’abandonne ? Oui ! Malaise vagale… Wahou ! Bon tu as raison, faut pas jouer avec la santé mon pote ! On bosse mardi ! Rentre au chaud !
Je continue, et là, rapidement, les ennuis recommencent…. plus de jus… plus rien…. j’attaque la Seigne. Deuxième calvaire de la journée, ça commence à faire en quelques heures. Je m’arrête, je repars, la montée est raide, mais pas dur bordel ! Je me bats, mais rien à faire… j’ai beau penser à ma petite famille, à ma petite Méline, rien… j’arrive en haut… complètement éteint… avec des flash de temps en temps… ça commence à craindre… Un fermeur vient me voir et m’explique que je vais en baver dans les Pyramides, la chaleur arrive… il me propose d’arrêter, je n’ai plus de matelas avec les barrières… la mort dans l’âme, je lui dis ok…. j’arrête…. j’appelle Ninie, même pas le temps de lui expliquer, je fonds en larme… le rêve est brisé. Pour la première fois de mon humble carrière de coureur amateur, je connais un truc impensable pour moi : J’ABANDONNE ! J’ai tout fait, tout donné, je pense que je me suis mis en danger…. le médecin me le confirmera quelques minutes plus tard…. le coup de chaud de la veille a ruiné ma course…
J’avais décidé de courir l’UTMB et mon organisme lui, avait décidé de réguler mon corps en température… pas compatible le même jour !
Retour à Chamonix, je retrouve Pascal. On est tous les 2 dépités, mais tout de suite on rebondi sur le suivi de nos compères en course ! Allez, c’est pas une maladie, on va s’en remettre (même si au fond de moi… ça fait CH…!) On les suit tout l’aprem, et on apprend successivement l’abandon de Seb (le copain d’Adou) et de Jaquot… aïe… ça commence à ressembler à l’hécatombe ! On n’est pas habitué à ça. En soirée, un énorme orage tombe sur Chamonix. Nous sommes inquiets, pourvu que l’orage n’arrête pas la course : ce serait le pompon !
On surveille toute la nuit les passages de José, Françoise et Véro. Je suis convaincu d’un truc : ils iront tous les 3 au bout, ils sont prêts et savent gérer ! 5h approche, José est annoncé à 6H… faut pas traîner, je connais le JO… il traîne pas en descente…. Bingo ! 25′ minutes d’avance ! On le voit avec Pascal débouler dans Chamonix !!! YES mon gars !!! Tu l’as fait ! Et de quelle manière !!! La photo d’arrivée et hop, on arrose ça au bistro ! Une petite binouze à 6h, ça fait pas de mal !
On passe notre journée à suivre les filles sur le net. Pas de véhicule, c’est notre assistance de luxe qui l’a : Monique, Jojo, Clarisse, David, La team Bigot, Fabienne, Dominique => ils auront été géniaux tout au long du WE et surtout essentiel dans la réussite de nos amis !!! Les annoncent de livetrail sont de moins en moins précises… les filles ralentissent… mais je ne suis toujours pas inquiet ! C’est du solide ces 2 là ! Elles l’ont déjà prouvées !!!
Jo m’annonce que Françoise est partie devant sur le dernier secteur de la Flégère, ça chauffe sur les barrières, Véro va se battre, j’en suis convaincu ! 15H45, voilà Françoise ! Yes ! Incroyable, on dirait qu’elle finit un semi…… quelle aisance après 170 bornes, je suis bluffé ! Petite accolade, et hop : file vers le bonheur ma grande !
Je remonte avec Pascal, on va chercher Véro le long de l’Arve, elle ne devrait pas tarder. La voilà ! Mais alors là…. quel regard, quel détermination !!! Je découvre un visage que je ne connais pas… une guerrière !!! Inarrêtable…. On l’encourage, la rassure et la pousse pour ses dernières foulées avec Monique et David. Françoise l’attend, elles passent la ligne ensemble, c’est beau, elles l’ont fait ! Bravo les filles ! Fier de vous, fier de ce que vous venez de faire. Vous le méritez, et je n’ai jamais douté de vous… moi !
Ce WE a été difficile, mais connaît une fin heureuse. Certes, sur les 6 du départ (+Seb) on termine à 3 finishers, des beaux finishers ! Et qui méritent leur place.
Cette aventure, je la retenterai, mais pas l’an prochain. Préparer une course comme celle-ci n’est pas compatible avec la préparation du trail Loire&Vignes qui demande également beaucoup d’énergie et qui a lieu la semaine qui suit. Comme dirait Fifi Davy, pour se lancer sur l’UTMB, il faut partir avec tous les voyants au vert. Je suis parti plein de fois avec les voyants orange et ça l’a fait… mais ça ne marche pas sur l’UTMB ! Je reviendrai, plus tard, préparé, déterminé et l’esprit consacré entièrement à cet objectif que j’atteindrai, car vous le savez, tout est faisable, tout est réalisable ! **RV**